L’éventail des mesures comprend 24 mesures. Parmi celles-ci, 5 sont des mesures de base et 19 sont des mesures spécifiques. Dans le cadre de l’approche co-innovation, d’autres nouvelles mesures peuvent être développées avec les entreprises participantes et mises en œuvre.

1. Déchaumage mécanique (mesure spécifique)

Description de la mesure Le déchaumage est une alternative au labour qui préserve le sol et qui est utilisé pour faire germer le plus rapidement et complètement possible les grains tombés lors de la récolte et les graines d’adventices afin qu’ils ne perturbent pas la culture suivante. Dans un premier passage, un lit de semence optimal pour les céréales (et les adventices) doit être créé pour créer des conditions de germination optimales. De plus, les pores contenant de l’eau sont rompus, ce qui réduit l’évaporation. Dans le deuxième passage, l’accent est mis sur la destruction des plantules et la décomposition de la paille. L’utilisation de machines telles que herses à disques, cultivateurs plats et charrues dépend du type de sol et de la population d’adventices. Pour un effet optimal, il est souvent judicieux de travailler les chaumes plusieurs fois.
Pour les céréales, le premier passage doit avoir lieu le plus tôt possible après la récolte. Après la récolte du colza, laisser les graines germer et ne pas travailler le sol immédiatement.
Après la récolte du maïs, cette mesure est importante pour la lutte contre la pyrale du maïs et pour la réduction de Fusarium graminearum.
Conditions Déchaumage mécanique après céréales, colza et maïs, aucun herbicide n’est utilisé après le déchaumage

2. Labour en cas de travail réduit du sol (mesure spécifique)

Description de la mesure Un travail du sol avec inversion ou un labour permet d’obtenir une surface de champ exempte de résidus de culture et d’adventices. Le labour est donc aussi une contribution importante à la lutte contre les adventices et à la lutte contre les parasites et les maladies. Cependant, le travail réduit du sol et le semis direct tendent à protéger le sol et à améliorer sa fertilité (agriculture de conservation). L’élimination du retournement et la modification des conditions de germination et d’accumulation influencent les adventices. Il faut s’attendre aux changements suivants dans la flore adventice : augmentation des espèces monocotylédones (pâturin annuel, vulpin des champs, bromes) et des adventices vivaces (chiendent, chardon des champs, laiteron des champs). Avec le travail réduit du sol et surtout en cas de semis direct, le glyphosate est souvent utilisé pour lutter contre les adventices.
Le semis direct favorise diverses maladies : Les fusariose entraînent non seulement des pertes de rendement essentielles pour le blé, mais aussi une perte totale en cas de forte contamination par les mycotoxines, car la culture doit être brûlée. Dans le cas de la culture sans labour de céréales après le maïs, le broyage des résidus de récolte de maïs (voir mesure 3) provoque une certaine inhibition de la fusariose par le principal agent pathogène Fusarium graminearum. D’autre part, Microdochium spp. est également plutôt inhibé par le labour.
Le semis direct a généralement un effet défavorable sur la régulation de divers insectes ravageurs (pyrale du maïs, ver fil de fer, pyrale de la betterave). Ce risque peut être réduit dans certains cas (p. ex. la pyrale du maïs) en broyant les résidus de récolte (voir mesure 3). Cependant, le semis direct favorise également la survie des parasitoïdes et des prédateurs, renforçant ainsi la lutte naturelle contre les ravageurs l’année suivante.
L’objectif de cette mesure est de compléter les systèmes en semis direct par un travail du sol économique et très ciblé afin de combiner les effets positifs des deux méthodes (avec et sans labour) et de mieux réguler certaines mauvaises herbes, maladies et parasites, de préférence sans PPh. Le type exact de travail du sol dépendra des conditions locales (rotation des cultures, mécanisation, situation initiale des adventices, maladies et ravageurs,….) et variera en fonction de la région du projet et de l’exploitation.
Conditions Utilisation de la charrue (au moins 10 cm de profondeur) dans les systèmes de semis direct (sans labour) ou dans les systèmes à travail réduit du sol (au moins 1x jusqu’à max. 2x en 6 ans).

3. Broyage des résidus de récolte (mesure spécifique)

Description de la mesure Le broyage des résidus des cultures immédiatement après la récolte et avant le travail du sol (c’est-à-dire avant le déchaumage) accélère leur dégradation biologique. Cela réduit les chances de survie et la reproduction des pathogènes et des ravageurs.
Conditions A mettre en œuvre après colza, céréales sans récolte de la paille, maïs grain, tournesol. Déchiquetage à l’aide d’un broyeur au plus tard 3 jours après la récolte.

4. Faux-semis (mesure spécifique)

Description de la mesure Chaque travail du sol stimule la germination de nouvelles graines. Environ 2 à 4 semaines avant la date prévue de semis de la culture suivante, un lit de semence uniforme est établi. Les adventices qui poussent sont ensuite déracinées avant le stade 2 à 4 feuilles à une profondeur de 3-5 cm, par exemple à l’aide d’une herse. Le processus peut être répété en cas de densité élevée d’adventices ou de culture suivante particulièrement sensible aux adventices.
Conditions Avant le semis d’une culture principale d’automne ou de printemps.

5. Autre approches et mesures développées avec les agriculteurs dans le cadre du processus de co-innovation.

6. Semis optimisé (mesure de base)

Description de la mesure Toutes les mesures qui favorisent la force de concurrence des cultures, telles que période de semis propice, densités de semis adaptée et profondeur de semis correcte, conduisent à une meilleure suppression des adventices. La promotion d’un développement initial rapide de la culture est d’une importance particulière, car les adventices sont efficacement réprimées lorsque la culture couvre rapidement le sol. Des densités de semis un plus élevées peuvent compenser les pertes de plantes dues au désherbage mécanique.
Pour les semis de printemps, par exemple du maïs, des pommes de terre ou du soja, il est généralement nécessaire d’attendre que le sol soit suffisamment réchauffé.
Colza : L’objectif est un bon développement du colza à l’automne. Un semis à la volée n’est recommandé que dans les zones où la pression des adventices est très faible. L’espacement des rangs pour le semis en ligne doit être adapté à la technologie de sarclage disponible.
Blé d’automne : En général, les adventices se développent plus fortement après un semis précoce qu’après un semis tardif. Un semis tardif peut réduire de nombreuses adventices (surtout le vulpin des champs et l’agrostide jouet-du-vent).
En cas de pression des maladies transmises par les semences : ne pas semez trop tard.
Conditions La date de semis et la densité de semis des cultures (y compris les cultures dérobées) doivent être optimisés et convenus avec le conseiller régional

7. Variétés peu sensibles/choix approprié des variétés (mesure de base)

Photo: A. Abidovic

Description de la mesure Les variétés sont choisies dans les listes de variétés recommandées publiées annuellement pour toutes les cultures arables, qui décrivent non seulement les paramètres de rendement et de qualité, mais aussi la sensibilité à diverses maladies. Il s’agit notamment des maladies suivantes : le mildiou de la pomme de terre ; l’oïdium, la rouille jaune, la rouille brune, la septoriose et la fusariose du blé ; la cercosporiose de la betterave sucrière ; la pourriture du collet et de la tige chez le colza et l’helminthosporiose chez le maïs.
Il n’y a toutefois pas de description de la compétitivité contre les adventices dans les listes de variétés recommandées. Dans le cas du maïs, cependant, il existe des variétés au développement initial plus rapide, qui sont également semées plus tard afin de supprimer plus efficacement les adventices. Pour le soja, un programme de sélection de variétés compétitives vis-à-vis des adventices est en cours.
Le choix de variétés peu sensibles ou plus compétitives est encouragé. Le défi consiste à établir un équilibre entre la résistance aux maladies et les autres paramètres importants (rendement, etc.). Le choix de la variété est adapté aux conditions locales, car la pression de la maladie varie considérablement en fonction de la rotation des cultures (développement de l’inoculum pathogène), de la situation initiale du pathogène, de la position de culture dans la rotation et du type de sol.
Conditions Choix des variétés sur la base de discussions entre la recherche, la vulgarisation et l’exploitant. Choix de varié-tés peu sensibles ou compétitives pour les différentes cultures tout au long de la durée du projet.

8. Utilisation adaptée de l’azote  (mesure de base)

Description de la mesure L’azote est un moteur de la croissance des plantes qui influence indirectement le développement des adventices, des maladies et des ravageurs. Une fertilisation azotée excessive peut favoriser l’apparition de certaines maladies35. Un ajustement strict de la fertilisation azotée aux besoins de la culture limite les problèmes de maladies et de ravageurs33. A l’opposé, en stimulant la croissance de la culture, une bonne fertilisation azotée permet à la culture de mieux concurrencer les adventices et de compenser les dégâts des ravageurs.
Une fertilisation azotée bien adaptée aux besoins de la culture permet donc de limiter les problèmes phytosanitaires et par conséquent l’utilisation des produits de traitement des plantes
Conditions Pour toutes les cultures de la rotation, les apports d’azote sur la culture sont définis en respectant stricte-ment les recommandations de fumure azotée définies dans les Principes de fertilisation des cultures agricoles en Suisse.

9. Seuils d’intervention et systèmes de prévision : intensifier leur utilisation (mesure de base)

Description de la mesure Les seuils d’intervention(SI) pour les maladies et les insectes ravageurs et les systèmes de prévision sont des aides à la décision essentiels pour l’application de mesures de contrôle ciblées et directes. S’ils sont appliqués correctement, ils évitent l’utilisation inutile des PPh. Ces dernières années, les SI ont été testés scientifiquement et, dans certains cas, adaptés pour trois insectes ravageurs importants dans les grandes cultures. Cependant, le contrôle régulier de l’infestation par parcelle nécessite un certain savoir-faire et un certain travail, ce qui explique pourquoi l’importance des SI a diminué dans la pratique. L’objectif de cette mesure est d’intensifier l’application des SI, avec une intensification correspondante du suivi de la situation d’infestation.
L’utilisation complète et cohérente de FusaProg (fusarioses dans les céréales) et de PhytoPRE (mildiou de la pomme de terre), en tenant compte des modèles météorologiques, des foyers à proximité et des facteurs de culture, conduit à une utilisation ciblée et réduite des fongicides.
Conditions Les exploitations reçoivent les bulletins phytosanitaires cantonaux sur le canal qu’elles utilisent couramment (p. ex. SMS, Apps, e-mail).
Les exploitations suivent ces bulletins, c’est-à-dire qu’elles se rendent sur le terrain, déterminent les SI selon les documents Agridea, les signalent au service de vulgarisation, contactent le conseiller en cas de doute et ne traitent que si nécessaire.
Les exploitations utilisent leur calculateur de dose.Pommes de terre – mildiou (Phytophthora infestans) :
la date de traitement avec un fongicide peut être retardée sur la base de la connaissance d’un site d’infestation dans la région (rayon de 10 km), du risque d’infection lié aux conditions météorologiques et de la variété. En tenant compte de ces données, de la situation météorologique pendant la plantation et des informations du modèle de prévision Phyto-PRE, le moment optimal pour le traitement fongicide est déterminé par échange entre le conseiller en protection des plantes et l’exploitant agricole. Les observations elles-mêmes sont très fastidieuses et ne constituent donc pas une mesure de base. Doryphores et pucerons : observation des attaquesCéréales – Piétin-verse (Pseudocercosporella sp.), Septoria (Zymoseptoria sp.), oïdium (Elumeria sp.) et fusariose / mycotoxines (Fusarium graminearum) :
appliquer le fongicide seulement après le dépassement du SI. Concernant la fusariose des épis, FusaProg est utilisé et un traitement fongicide est appliqué uniquement si le pronostic de déoxynivalénol dépasse 0,5 ppm. Les observations sont très complexes parce qu’elles couvrent toutes les maladies et ne constituent donc pas une mesure de base. Criocère des céréales : observer les attaques de larves et utiliser le nouveau (à partir de 2019) SI qui a été augmenté.

Colza
:
Placer des pièges jaunes (méligèthe, charançon du colza, altise, etc.), compter le nombre d’individus et annoncer rapidement sous une forme appropriée. Observer régulièrement les attaques de ravageurs dans la culture (1-2x/semaine) selon les indications de la fiche technique Agridea sur les SI. Pourriture de la tige (Phoma lingam) du colza (1x/saison).

Betterave sucrière – Cercospora
:
Mise en place de pièges à spores dans 1 à 2 exploitations participantes par région et calcul des données à l’aide du système de prévision allemand ISIP (Region Waldshut), qui n’est pas encore disponible en Suisse. Observation des taches de cercosporiose (2x/sai-son).

Maïs – Exserohilum turcicum / Helminthosporium turcicum
:
Observation des taches de Turicum (8x/saison). Pyrale du maïs : observation des attaques des larves (1x/saison).Si disponible (probablement à partir de 2019/20) : Pour les fermes participant au projet, les conseillers utilisent l’information régionales sur AgriGIS en incluant les cultures voisines externes pour évaluer le risque de maladie/insectes ravageurs, par exemple dans la betterave sucrière et le colza.

10. Semis piloté par GPS / systèmes de guidage en parallèle (mesure spécifique)

Photo: Agridea

Description de la mesure D’un point de vue agronomique, économique et écologique, il n’est pas souhaitable que les largeurs de travail se chevauchent pendant tous les travaux d’entretien (fertilisation, protection des plantes, désherbage mécanique) en raison de voies de passage disposées à des distances imprécises.
Lors du semis avec les systèmes de guidage GPS, des voies de passage sont créées à des intervalles précis et les soins à la culture (fertilisation, sarclage, protection des cultures) peuvent être effectués avec précision, sans chevauchement entre les passages, même sans systèmes de guidage GPS.
Les systèmes de guidage GPS ne sont actuellement utilisés que par certains entrepreneurs et maraîchers en Suisse pour des raisons de coût et de rentabilité.
Conditions Le semis et la plantation s’effectuent avec une grande précision (± 2.5-5 cm) à l’aide d’un système de guidage GPS et les voies de passage sont placées exactement à la distance de la largeur de travail de l’outil d’intervention.

11. Cultures intermédiaires adaptées (mesure spécifique)

Photo: N. Courtois

Description de la mesure Une culture intermédiaire entre deux cultures principales offre divers services écosystémiques, comme la sup-pression des adventices. À l’heure actuelle, les cultures intermédiaires contre les adventices sont rarement utilisées et leur diffusion varie considérablement d’une région à l’autre. La suppression des adventices n’est pas toujours efficace, ce qui est principalement dû à un manque d’expérience avec cette méthode. Il existe de nombreuses cultures intermédiaires qui peuvent être cultivées individuellement ou en mélanges (1 à 12 espèces). En outre, les cultures intermédiaires peuvent être détruites de différentes manières (climatiquement, mécaniquement, chimiquement) et le choix de la culture intermédiaire est également influencé par la culture suivante et le système de culture.
La mise en place de mélanges de cultures intermédiaires pour réguler les adventices et certaines maladies est encouragée. Le défi consiste à choisir le bon mélange pour chaque site, rotation des cultures et espèces d’adventices. Le choix du mélange (gélif, non gélif, avec ou sans légumineuses, etc.), la date d’ensemencement et le moment et le type de destruction doivent être adaptés aux conditions locales.
Conditions Mise en place de mélanges de cultures intermédiaires pour réguler les adventices. Le choix du bon mélange pour le site respectif, la rotation des cultures, les espèces d’adventices existantes, la date de semis ainsi que le moment et le type de destruction sont adaptés aux conditions locales et déterminés conjointement par le conseiller régional, les chercheurs et les agriculteurs.

12. Mélanges de variétés et d’espèces (mesure spécifique)

Photo: N. Courtois

Description de la mesure Une culture associée est la culture simultanée de plusieurs variétés ou espèces sur la même parcelle, par exemple des légumineuses à graines associées avec des céréales. Les deux cultures sont récoltées. La culture simultanée de différentes espèces ou variétés peut réduire la propagation des maladies et des ravageurs (effet de dilution, barrière physique). Les cultures associées rendent plus difficile la reconnaissance visuelle des plantes par les ravageurs. Aujourd’hui, cette méthode est principalement utilisée en agriculture biologique.
La mise en place de cultures associées pour lutter contre les maladies, les ravageurs et les adventices est encouragée.
Le plus grand défi est de cultiver des mélanges de deux espèces qui peuvent être récoltées (précocité différente, tri de la récolte) et commercialisées (achat par les centres collecteurs).
Conditions Culture de mélanges avec au moins 2 variétés ou 2 espèces de grande culture.

13. Sous-semis (mesure spécifique)

Photo: C. Savoyat

Description de la mesure Le sous-semis consiste à semer une plante d’accompagnement en plus d’une culture principale. Le semis des plantes compagnes peut avoir lieu en même temps que la culture principale ou plus tard dans la culture principale existante. Le sous-semis sert principalement à couvrir le sol et à supprimer les adventices, mais peut aussi réduire certaines maladies dans la culture suivante. Ils sont conçus pour réduire la croissance des adventices sans concurrencer la culture de façon significative. Un exemple de cela est le colza avec sous-semis, aussi appelé colza associé. Cette méthode est actuellement utilisée sur environ 5% des zones de culture du colza. Les sous-semis de maïs et de blé sont actuellement utilisées principalement en agriculture biologique.
La culture de sous-semis pour réguler les adventices dans le colza, le maïs et les céréales et pour réguler les maladies dans les cultures suivantes est encouragée. Le défi consiste à sélectionner les bonnes plantes d’accompagnement pour chaque site, rotation des cultures, espèces d’adventices et maladies existantes. Le choix des plantes d’accompagnement, la date de semis et la destruction/utilisation des plantes d’accompagnement sont adaptés aux conditions locales.
Conditions Mise en place de sous-semis. Le choix des plantes d’accompagnement pour le site respectif, la rotation des cultures existantes, les espèces d’adventices existantes, la date de semis et la destruction/utilisation des plantes d’accompagnement sont adaptées aux conditions locales et déterminées conjointement par le conseiller régional, la recherche et les agriculteurs.

14. Techniques de push-pull contre les méligèthes du colza (mesure spécifique)

Photo: N. Courtois

Description de la mesure La technique combine au sein d’une parcelle des substances naturelles ou des plantes avec un effet répulsif (« push » dans la parcelle) et celles avec un effet attractif (« pull » au bord de la parcelle). Le but est d’éloigner les ravageurs des cultures.
Cette technique sera utilisée pour la première fois pour lutter contre le méligèthe du colza, un ravageur qui est combattu intensivement en Suisse avec des insecticides. La farine de roche est utilisée comme composant « push » (nom commercial « Surround » ; approuvé pour les coléoptères du colza, 1-2 applications avant la floraison), ce qui réduit l’activité alimentaire du ravageur et favorise ainsi l’émigration36. En tant que composante « pull », les navets à floraison précoce (Brassica rapa var. Silvestris) sont semés au bord du champ, ce qui a un effet d’attraction évident sur les méligèthes du colza en raison de leur développement plus précoce37. L’utilisation du champignon entomopathogène Beauveria bassiana (produit « Naturalis-L ») peut être considérée comme une variante supplémentaire en cas de forte pression du ravageur (limitée aux bandes de navettes).
Conditions La navette est semée en automne avec le colza. La farine de roche (Surround) est appliquée sur les bourgeons au début de la migration du méligèthe. Un nouveau modèle de prévision développé par Agroscope est destiné à déterminer le moment optimal d’utilisation. La navette doit être récoltée séparément.

15. Gestion de l’habitat : bandes pour auxiliaires a, b et c (mesure spécifique)

Photo: L. Hagenmayer

Description de la mesure Les bandes fleuries sont destinées à fournir à certains organismes utiles une base alimentaire continue et un habitat, favorisant ainsi le nombre d’organismes utiles et leur diversité. La lutte biologique contre les ravageurs est une mesure préventive de protection des végétaux. Les bandes fleuries doivent si possible être disposées sous la forme de bandes au centre du champ afin de produire un effet important sur les ravageurs dans la culture adjacente utilisée précédemment comme grande culture ou prairie temporaire. Toutes les cultures précédentes sont possibles et, selon la culture suivante, la bande fleurie peut être laissée jusqu’au printemps suivant. De plus, 1 à 2 bandes fleuries sont semées en bordure des parcelles du projet. Celles-ci restent en place au moins pendant toute la durée du projet.
Conditions a) et b) : Semis, soins et mise en œuvre optimale d’une bande fleurie annuelle en bordure (mesure 15a) resp. à l’intérieur de la parcelle (mesure 15b) pendant 6 ans. Utilisation des mélanges de semences avec des espèces indigènes approuvés par l’OFAG.
c) Semis, soins et mise en œuvre optimale d’une bande fleurie pluriannuelle en bordure de parcelle (mesure 15c) pendant 6 ans. La surface doit être annoncée dans le formulaire des surfaces comme jachère de rotation. Utilisation du mélange approuvé par l’OFAG pour le projet Agroscope correspondant.

16. Autre approches et mesures développées avec les agriculteurs dans le cadre du processus de co-innovation

17. Désherbage mécanique

Photo: C. Savoyat

 

 

 

Description de la mesure Sur les parcelles où la pression des adventices est faible (moins de 20 % de couverture du sol, pas d’adventices problématiques), les adventices peuvent être supprimées mécaniquement par sarclage ou hersage superficiel. Le choix de l’équipement dépend du stade de la culture et des adventices ainsi que de la distance entre les rangs. Des outils spéciaux sont nécessaires. L’objectif de cette mesure est de promouvoir la lutte mécanique contre les adventices dans les fermes PER. Le défi est d’éviter la multiplication indésirable des adventices avec la bonne technique. Cette tech-nique doit être adaptée au site, à la rotation des cultures et aux adventices présentes.
Conditions Utilisation adaptée de différents types de sarcleuses, herses et fraiseuses. Exclut en cas de semis direct et moins efficace si le travail du sol est réduit.

18. Lutte contre les adventices sans herbicide grâce à des techniques de précision (Precision Farming)

Photo: Agridea

 

 

 

Description de la mesure Diverses technologies agricoles de précision sont disponibles pour optimiser la lutte contre les adventices sans herbicides dans les grandes cultures41:

Application entre les rangs
a) Semis en ligne droite des cultures suivi d’un sarclage piloté par un système de guidage GPS ;
b) sarclage entre les rangs commandé par des capteurs (par ex. guidage par caméra de Garford ou Claas) ;

Application sur le rang de semis
c) sarclage sur le rang entre les plantes guidé par des capteurs, par exemple dans le maïs et la betterave sucrière (la technologie provient des cultures maraîchères).

L’utilisation de tels systèmes coûteux n’a jusqu’à présent pas été établie dans la pratique de la protection des cultures pour des raisons de coûts. Les systèmes de guidage par GPS adaptés de grande précision de +/- 2.5 cm coûtent 15-25’000 CHF plus l’abonnement au signal de correction42, coût des sarcleuses commandées par capteur 10-30’000 CHF. (entre les rangs) ou 70′-130’000 CHF. (sur les rangs entre les plantes)43. En Suisse, pour des rai-sons de coûts et de rentabilité, ces techniques ne sont utilisées que dans quelques cas d’entrepreneurs et producteurs de légumes. Développés par des startups de petits systèmes de sarclage moins coûteux sont en phase de lancement sur le marché et devraient être disponible durant la durée du projet44.

Conditions Utilisation d’une sarcleuse de précision pilotée par GPS ou par caméra. Uniquement possible en combinaison avec la mesure 10 « Semis piloté par GPS ».

19. Défanage non chimique des pommes de terre

Description de la mesure Le défanage des pommes de terre de consommation et industrielles est une opération très importante permettant d’assurer la qualité de la récolte. En effet, le défanage permet de stopper le développement végétatif de la plante, et ainsi, d’arrêter la croissance des tubercules. Le défanage permet donc au producteur de maîtriser les calibres ainsi que la teneur en amidon des tubercules, deux critères de qualité primordiaux pour la pomme de terre. Il permet aussi d’accélérer la résistance de la peau des tubercules, ce qui diminue les risques de blessures à la récolte.
En cultures de plants de pomme de terre, le défanage permet d’interrompre prématurément le développement de la plante et permet ainsi de limiter l’exposition de la plante aux pucerons vecteurs de maladies virales (PVY et PLRV). La certification des plants de pomme de terre contrôle la taux d’infection des plants par ces virus et les lots trop infectés (>10%) ne peuvent plus être multipliés et doivent être vendus comme pommes de terre de consommation ce qui représente un manque à gagner important pour le producteur.
Conditions Production des pommes de terre de consommation : défanage mécanique
Production des plants et des pommes de terre primeurs : défanage mécanique + défanage thermique

20. Utilisation d’antagonistes, de plantes médicinales dans des cultures spécifiques (mesure spécifique)

Description de la mesure Si les populations de bioagresseurs – maladies et ravageurs – ne peuvent être régulées par des mesures préventives, des antagonistes naturels, des substances naturelles/engrais foliaires à base de plantes sont utilisés. Les champignons entomopathogènes des genres Beauveria et Metarhizium ainsi que les champignons du genre Clonostachys ont montré des effets prometteurs dans des essais en plein champ contre les méligèthes, les vers fil de fer et les fusarioses des épis. L’inoculum fongique est appliqué soit sous forme de pulvérisation sur le colza, soit sous forme d’orge infecté dans le sol, soit sous forme de pulvérisation sur les résidus de récolte de la culture précédente. La substance naturelle Frangula alnus est appliquée sur les plants de pomme de terre sous forme de pulvérisation à intervalles réguliers, conformément aux recommandations de PhytoPRE. Toutes les préparations sont produites et formulées par Agroscope (inoculum).
Conditions Agroscope et les exploitations du projet s’entendent sur l’utilisation d’antagonistes, de plantes médicinales. Les antagonistes sont produits et appliqués par Agroscope. En raison de l’effort important, toutes les méthodes mentionnées peuvent être réalisées sur un maximum de 2 à 3 exploitations chacune. L’autorisation d’utilisation de ces préparations, qui n’ont pas encore été homologuées, sera demandée à l’avance auprès de l’OFAG.

21. Autre approches et mesures développées avec les agriculteurs dans le cadre du processus de co-innovation

22. Traitements chimiques localisé sur une partie de la surface (mesure spécifique)

Description de la mesure La plupart des PPh sont appliqués sur toute la surface d’une parcelle en vue de résoudre un problème phytosanitaire. Un problème phytosanitaire n‘est généralement pas étendu à toute la surface et un traitement localisé sur la zone infestée est souvent suffisant. Un traitement localisé au bon moment est suffisant par exemple pour lutter contre le méligèthe du colza ou le doryphore de la pomme de terre. Un traitement localisé nécessite une observation précise et parfois fastidieuse des adventices, maladies et ravageurs. Cette mesure est directement liée aux mesures 9 (Seuils d’intervention et systèmes de prévision) et 18 (Lutte contre les adventices sans herbicide grâce à des techniques de précision (Precision-Farming).
Cette mesure vise à favoriser l’application localisée des PPh en indemnisant les agriculteurs pour le temps qu’ils consacrent à l’observation à petite échelle des adventices, maladies et ravageurs.
Les observations doivent être consignées sur des cartes de distribution. De cela, une technique d’application appropriée est également nécessaire, qui permette de traiter des sous-zones spécifiques. L’indemnité sert à compenser le surcoût de travail occasionné par l’obligation d’observer précisément les adventices, maladies et ravageurs sur l’ensemble de la parcelle. Ce suivi sera réalisé en collaboration avec Agroscope en charge du suivi scientifique et avec la vulgarisation cantonale.
Conditions Observation des adventices, maladies et ravageurs. Traitement localisé selon les besoins en concertation avec le conseiller régional et/ou la recherche.

23. Technique d’application réduisant la dérive des produits phytosanitaires (mesure de base)

Description de la mesure Les techniques d’application réduisant la dérive garantissent que les PPh atteignent les plantes cibles et développent pleinement leur effet là où cela est souhaité.
Conditions Utilisation d’une technique d’application réduisant la dérive (p. ex. buses d’injection ou gouttelettes). Pour des informations plus détaillées, voir la fiche technique « Technologie d’application précise » (AGRIDEA 2013).

24. Autre approches et mesures  développées avec les agriculteurs dans le cadre du processus de co-innovation